l'Abbé Hadol

Martyr de Gemmelaincourt

Le nouveau curé du village

L'église Saint-Maur de Gemmelaincourt (alors Gemmenaincourt) a reçu en 1758 un nouveau curé du nom de Maximilien-François-Gabiel Hadol. Bien que le curé Hadol ait été malade depuis son enfance, il avait une forte volonté de connaître ses paroissiens, de gagner leur confiance, de les instruire et de les encourager à apprécier et à pratiquer les vertus chrétiennes. Il a également assumé avec beaucoup d'engagement les tâches séculières qui étaient alors liées au ministère pastoral. Après avoir relevé quelques défis dans la paroisse, dont des désaccords avec le seigneur de Gemmelaincourt, un d'Hennezel, le pasteur Hadol pouvait espérer une retraite paisible et heureuse.

Images de la Révolution française

Le serment à la Constitution civile

La condamnation et la peine

La dénonciation de l'abbé Hadol

Lorsque la Révolution française a éclaté en 1789 avec la prise de la Bastille, le pasteur Hadol avait déjà 59 ans. Au début de l'année 1791, le pasteur Hadol prêta serment de fidélité à la «Constitution civile du clergé», comme le prescrivait la loi de 1790. Cette loi visait à réformer l'Église catholique en France et à la placer sous le contrôle de l'État, en donnant au gouvernement l'autorité sur toutes les affaires ecclésiastiques, y compris la nomination des évêques et des curés et la gestion des biens ecclésiastiques. Alors que certains membres du clergé ont prêté serment, d'autres l'ont refusé, ce qui a provoqué des conflits entre les partisans de la révolution et les catholiques loyaux.

Pendant dix-huit mois, le curé Hadol est resté fidèle à son serment jusqu'à ce qu'il le rétracte publiquement à l'église Saint-Maur devant tous ses paroissiens. Les gens étaient si furieux qu'ils l'ont insulté, bousculé, frappé et qu'il a été obligé de fuir la commune.

Pendant la Révolution française, les lois ont commencé à se durcir. La loi du 26 août 1792, par exemple, exigeait des ecclésiastiques qu'ils prêtent le serment de «La constitution civile du clergé» ou qu'ils quittent le royaume dans les 15 jours. En outre, les ecclésiastiques qui ne prêtaient pas serment devaient demander un passeport. Ceux qui demandaient et obtenaient un passeport, mais restaient dans le royaume ou y retournaient, risquaient une longue peine de prison.

La loi des 29-30 vendémiaire an II (20-21 octobre 1793) renforça encore la législation déjà sévère. Entre autres dispositions, la loi vendémiaire déclarait condamnés à mort tous les ecclésiastiques exilés qui rentraient ou étaient rentrés sur le territoire de la République, ainsi que ceux qui avaient renié leur serment et s'étaient soustraits à l'exil en se cachant.

Le procès de Hadol s'est ouvert le deuxième messidor an II (20 juin 1794) à neuf heures du matin. Le président, les trois juges, l'accusateur public et le greffier ont pris place, tandis que l'accusé était assis en face d'eux. Sur la table se trouvaient les pièces à conviction : des ornements sacerdotaux et des imprimés sans aucun doute contre-révolutionnaires. Le président du tribunal a commencé à interroger l'accusé. Ensuite, la religieuse Antoine et divers autres témoins ont été interrogés. Vers la fin, l'accusateur public s'est levé pour étayer l'accusation et demander l'application de la loi. Comme l'exige la loi, le jugement a été impitoyable. Il fut considéré comme prouvé que Hadol était resté sur le territoire de la République et y avait pratiqué le culte catholique en tant que prêtre fanatique et rebelle. Pour cela, il n'y avait qu'une seule punition. L'ancien curé de Gemmelaincourt monta sur l'échafaud le lendemain, le 21 juin 1794, sur la place de la Liberté à Nancy. Il mourut, dit-on, avec un grand courage. Ses biens, une montre en argent et une clé en cuivre, furent confisqués et vendus aux enchères le 18ème fructidor an II (4 septembre 1794). L'adjudication fut remportée par Jean-Baptiste Leclerc avec son enchère de 108 livres. La dénonciatrice Anne Ethelin reçut une récompense de 100 livres pour sa dénonciation.

Le 9 septembre 1792, Hadol s'est fait établir un passeport pour Deux-Ponts dans le Palatinat. Dans le passeport, l'ecclésiastique était décrit comme suit : Soixante-deux ans, taille 4 pieds 10 pouces (environ 1,57 mètre), perruque, sourcils châtains, yeux gris, nez aquilin, bouche ordinaire, visage ovale. L'histoire ne dit pas clairement s'il a quitté le royaume avec son passeport ou s'il est resté dans le pays. Cependant, cela n'avait finalement pas d'importance puisque, comme nous l'avons déjà mentionné, le séjour dans le pays et le retour dans le royaume étaient tous deux punis de la même manière et avec la même sévérité. Nous savons avec certitude qu'avant son arrestation, le prêtre Hadol se cachait sous différents déguisements et allait de village en village pour vendre du fil, des aiguilles, des épingles, des couteaux et des colliers de ciseaux qu'il fabriquait lui-même. À Nancy, il trouvait occasionnellement refuge chez une jeune religieuse du nom de Marie-Elisabeth Antoine. Alors qu'il se trouvait à nouveau chez la religieuse et qu'il flânait dans les rues de Nancy, une jeune fille de Gemmelaincourt le reconnut sous son déguisement et salua le vieux curé avec joie et affection en lui disant : «Bonjour, monsieur le curé». Cela a dû être remarqué par Anne Ethelin, une tricoteuse de seize ans, qui a excité les passants contre le pauvre prêtre et l'a dénoncé au district. Le 27 mai 1794, le prêtre Hadol fut arrêté et jugé.

«Je jure de veiller avec soin sur les fidèles du diocèse ou de la paroisse, qui m’est confié, d’être fidèle à la nation, à la loi et au Roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le Roi.»
- Serment forcé pour les évêques et les prêtres: Constitution civile du clergé du 12 juillet 1790

La prise de la Bastille (14 juillet 1789)

Le dernier moment du monarque Louis XVI (21 janvier 1793)

La chute de Maximilien Robespierre à la Convention nationale (27 juillet 1794)

Coup d'État du 18ème brumaire an VIII (9 novembre 1799)

Saint Maur aujourd'hui

L'église Saint Maur et la maison communale
L'église Saint Maur et la maison communale
Vue extérieure de l'église Saint Maur
Vue extérieure de l'église Saint Maur
L'autel de l'église Saint Maur
L'autel de l'église Saint Maur
Plaque commémorative dans l'église Saint Maurus
Plaque commémorative dans l'église Saint Maurus

SOURCES
Albert Troux, "La Révolution en Lorraine", Nancy 1931
books.google.ch
de.wikipedia.org
Eugène Mangenot, "Ecclésiastiques de la Meurthe, martyrs et confesseurs de la foi pendant la Révolution française", Nancy 1895